1.Les débuts de la guerre
Lorsque le conflit débute, un hôpital de guerre français se met en place à la Chartreuse. Toutefois, un contrordre émanant du général Joffre lui substitut un hôpital civil belge, qui s’installe dans les derniers jours de 1914.
A la mi-octobre 1914, la situation est critique pour les troupes belges et françaises face à l’avancée des Allemands. L’Etat-major opte alors pour l’inondation de l’Yser. Les villages sont évacués et plusieurs hôpitaux de guerre installés en arrière du front sur le sol français, afin d’accueillir les réfugiés.
2. Le choix du site
Le choix de la Chartreuse pour l’installation d’un hôpital, n’est pas fortuit, le bâtiment se situant sur une zone moins touchée par les conflits et ayant déjà servi d’hôpital durant les années précédentes.
Une chartreuse est cependant un monastère rudimentaire : s’il permet d’accueillir un grand nombre d’individus, les espaces sont immenses, humides, perpétuellement en courant d’air et très difficiles à chauffer. Le choix d’implanter un hôpital un hôpital dans un tel lieu, malgré ces désavantages, est principalement dû aux particularités architecturales d’une chartreuse, propres à cette congrégation.
Les moins se répartissent, en effet, en deux communautés : les pères, qui vivent en ermites dans la « maison haute » (espace de silence et de solitude qui regroupe 24 ermitages autour du grand cloître) et les frères qui, eux vivent en communauté dans les ailes de la cour d’honneur appelée « maison basse ». Entre ces deux blocs se situent les espaces communautaires avec l’église, la bibliothèque, le réfectoire et la salle du chapitre. A cette disposition, s’ajoute le principe d’autosubsistance du monastère et son extrême isolement, qui permet aux moines de se rapprocher de Dieu. Architecturalement, un monastère chartreux convient donc parfaitement à l’implantation d’un hôpital. Il est en effet possible de produire sur place toutes les denrées nécessaires à un grand nombre de personnes et d’isoler, dans un but prophylactique, les malades du typhus de la population portante.
3. L’organisation de la vie sur place
La plupart des réfugiés arrivent à la Chartreuse par leurs propres moyens, à pied ou en charrette, tandis que blessés et enfants sont acheminés en train jusqu’à Montreuil depuis Hazebrouck. L’hôpital civil belge est dirigé par le Docteur Jean Jonlet et la gestion de l’établissement assuré par un aumônier, l’Abbé Plouvier, secondé par une centaine de personnes (médecins, infirmières, ouvriers, religieuses,…). Près de 5000 personnes séjourneront à la Chartreuse jusqu’en 1918 : familles entières, personnel, militaires, orphelins,…
L’Abbé Plouvier s’efforce de maintenir un semblant de vie normale en ces temps de guerre et gère à la Chartreuse l’une des « colonies scolaires » belge les plus importante de la première guerre mondiale. Attachant une grande importance à l’éducation, il met en place un enseignement pieux et laïque par le biais d’un corps d’enseignants belges, et entretient une correspondance assidue avec le ministère des Sciences et des Arts de Belgique afin de se procurer les ouvrages nécessaires à la scolarité des enfants.
De leur côté, les adultes vaquent aux différentes activités de la vie quotidienne, créant une véritable communauté villageoise au sein de la Chartreuse ; tous les corps de métiers nécessaires y sont représentés (boulanger, sabotier, menuisier, concierge, facteur, service des eaux,…). En général, les hommes se consacrent aux travaux des champs et à l’entretien des bâtiments tandis que les femmes assurent les tâches ménagères. Les bombardements, naissances, communions et décès rythment la vie quotidienne de la petite communauté, éprouvée par une grave épidémie de fièvre typhoïde qui fera 600 morts.
En 1918, le calme revient dans la région, l’hôpital se vide et les derniers réfugiés quittent la Chartreuse en mars 1919 pour laisser de nouveau place au sanatorium.