En 1324, Robert VII comte de Boulogne décide de fonder sur ses terres un monastère cartusien, la Chartreuse Notre-Dame des Prés.
Il le construit au pied de Montreuil-sur-mer qui est alors un port important pour le roi Charles IV le Bel, le dernier des capétiens.
L’ordonnancement d’une Chartreuse répond au schéma imaginé par Bruno de Cologne, le fondateur de l’ordre des Chartreux à la fin du XIe siècle. Ce schéma permet de concilier deux espaces de vie pour deux types de monachisme :
- la maison haute dédiée aux Pères, moines érémitiques qui vouent leur vie à la prière, à l’étude et à la contemplation, dans le silence et la solitude de leur ermitage autour du grand cloître.
- la maison basse est l’espace de vie des Frères, moines cénobitiques qui ont en charge le fonctionnement matériel du monastère.
Entre les deux maisons se situent les parties communautaires : église, réfectoire, salle du chapitre, bibliothèque.
Cette première Chartreuse, plusieurs fois dévastée et reconstruite au cours des siècles suivants, finit par être vendue comme bien national par les révolutionnaires en 1789.
Blaise Duval de Hautmarais l’achète et l’utilise comme carrière. Le bâtiment disparaît petit à petit.
En 1870, l’Ordre Cartusien rachète le terrain et les quelques ruines qui l’occupent. Il souhaite y rebâtir un monastère.
Sa construction est confiée à un architecte local, disciple de Viollet le Duc, Clovis Normand.
Clovis Normand édifie alors, en 3 ans, l’une des plus grande Chartreuse de France, pour 24 Pères, de 18000 m2, au cœur d’un terrain de 12 hectares, le tout entouré de hauts murs afin de préserver le précieux silence des moines.
L’architecte se voit en outre confier la réalisation d’une autre Chartreuse, jumelle de celle de Neuville mais deux fois plus grande car elle peut accueillir 48 pères, à Parkminster, dans le sud de l’Angleterre.
En 1901 sont promulguées les lois sur les associations qui vont mener à la séparation de l’église et de l’état, puis à l’expulsion de nombre de communautés religieuses.
Les Chartreux de Neuville n’échappent pas à la règle et quittent les lieux définitivement en 1905, emportant avec eux l’imprimerie Générale de l’Ordre qu’ils y avaient installé.
Ils s’exilent en Angleterre, à Parkminster. Cette chartreuse est toujours en activité.
La Chartreuse de Neuville est désormais propriété de l’état.
George Clémenceau y inaugure un sanatorium en 1908.