« Des lieux patrimoniaux, phares sur leurs territoires ? »

A plus d’une heure des métropoles, des lieux patrimoniaux emblématiques peuvent-ils devenir des moteurs territoriaux, vecteurs de lien social et d’innovation pour la société ?

Jeudi 4 avril 2024

De 10h à 17h30

BILLETTERIE

PROGRAMME DU JEUDI 4 AVRIL

A partir de 9h : Accueil 

10h – Introduction :

Thérèse Lebrun, Présidente de l’association de Préfiguration de la Fondation Chartreuse de Neuville

Enseignements & tables rondes : 

10h15-10h45 : Les abbayes médiévales, de la contemplation à l’expérimentation : des pratiques socio-économiques et culturelles innovantes, sources de développement et de rayonnement territoriaux

Bruno Bethouart, Docteur en histoire, Président du Carrefour d’Histoire Religieuse, auparavant Vice-Président de l’Université du Littoral Côte d’Opale, Maire de Montreuil-sur-Mer et Président de la Communauté de Communes du Montreuillois

10h45-11h15 : Comment des abbayes ont-elles transformé le Marais poitevin, terre marécageuse inculte, en une ressource de développement territorial ?

Florent Godelaine, Docteur en histoire, Adjoint au Chef d’Etablissement de l’Abbaye de Nieul-sur-l’Autise et médiateur du patrimoine au Conseil départemental de la Vendée

11h15-11h30 : Pause 

11h30-13h : Patrimoines d’envergure et développement rural : défis à relever, modèles innovants à construire pour un enjeu croisé ?

Christophe des Roseaux, Directeur de projets stratégiques patrimoine et tourisme de la Banque des Territoires

Alexandre Giuglaris, Directeur Général de la Fondation du Patrimoine

Hilaire Multon (sous réserve), Directeur Régional des Affaires Culturelles (DRAC) des Hauts-de-France

Hubert Tassy, Président de l’Association des Centres Culturels de Rencontre et Directeur Général du CCR de la Saline Royale d’Arc-et-Senans

Gerald de Hemptinne, Coordinateur patrimoine architectural, Fondation du Roi Baudouin (Belgique)

13h-14h00 : Pause déjeuner et découverte du site

14h-15h : La renaissance exemplaire et pérenne d’un monastère sous forme de phare et de moteur territorial, né il y a 45 ans dans les Pyrénées espagnoles – Fundacion Santa Maria la Real del Patrimonio historico d’Aguilar de Campoo (Espagne)

Paula Conte Garcia, Directrice générale et Lucia Delenikas (chef de projet tourisme, culture et patrimoine)

15h-15h45 : Témoignages croisés de projets 

Thibault Le Marié, propriétaire du château de La Mazure (Mayenne) et directeur du centre linguistique Châteaux des Langues

Arnaud Bachelin, Abbaye de Saint-Martin du Bourg à Avallon (Yonne)

15h45-16h : Pause

16h-16h30 : Les enseignements de l’expérimentation innovante de La Chartreuse de Neuville

Alexia Noyon, Directrice générale de la Chartreuse de Neuville

16h30-17h : Synthèse & perspectives 

Hilde Schwab, Présidente de la Fondation Schwab pour l’entrepreneuriat social

17h-17h15 : Conclusion 

LE OFF 

JEUDI 4 AVRIL 18h-22h

18h : Visite guidée de La Chartreuse de Neuville

A partir de 19h30 : Soirée conviviale & artistique

Lecture de passages de « Guerre aux démolisseurs » (texte de Victor Hugo) par  Jacques Neefs acteur, auteur et metteur en scène

Cocktail dînatoire  

En France, selon la Fondation du Patrimoine, plus de 3500 monuments sont en péril et près de 2000 bâtiments historiques en péril absolu. Parmi ceux-ci, de grands patrimoines situés en ruralité sont actuellement à l’état d’abandon et/ou constituent des charges pour leur territoire alors qu’ils font partie intégrante de la mémoire et du patrimoine local. Les territoires ruraux au cœur desquels nombre d’entre eux sont implantés souffrent souvent d’un déficit d’image et de confiance qui les retient d’une vraie ambition pour oser prendre leur place en matière d’innovation, d’attractivité et de rayonnement.

La politique de développement territorial marquée par la puissance des métropoles, favorise la création d’antennes depuis ces métropoles et renvoie aux territoires l’idée qu’ils n’ont pas la capacité de développer, par eux-mêmes, des solutions. Une étude réalisée en 2018* révélait un décalage de perceptions entre une opinion qui associe d’abord la ruralité à des difficultés socio-économiques (46% des citations des Français) et des ruraux qui, dans leur quasi-totalité, se disent satisfaits de vivre dans le monde rural et l’associent spontanément à une qualité de vie remarquable (62% des citations des ruraux).

Malgré cette qualité de vie, les ruraux expriment néanmoins un sentiment d’abandon lié à un recul des services publics et à l’origine d’un pessimisme marqué vis-à-vis de l’avenir (56% des ruraux sont pessimistes au sujet de leur avenir contre 49% des Français). Ces grands patrimoines, ces lieux d’histoire sont des marqueurs d’identité forts qui pourraient devenir de puissants leviers de transformation locale et de fierté pour les habitants et de rayonnement national et international. Un impact patrimonial que défend la convention-cadre de Pharo (2022), encourageant à prendre conscience de la valeur du patrimoine culturel dans la société, incitant à y voir « des significations et usages que les gens leur attachent et des valeurs qu’ils représentent ». En se réinventant dans leurs missions et usages, ils sont en mesure d’apporter des réponses aux enjeux des territoires.

Ancrés dans une histoire locale et tournés vers l’avenir pour exister à nouveau, ils ont du potentiel pour drainer de l’attractivité et devenir vecteurs de lien social et d’innovation. Implantée dans une ruralité contrastée, diverse et plurielle, le monastère espagnol Santa Maria la Real de Najera, les châteaux des langues en Mayenne et de Quintin en Côtes-d’Armor, la Chartreuse de Neuville sur la Côte d’Opale, sont de magnifiques laboratoires de redynamisation de territoires ruraux, au travers de projets emblématiques, innovants et porteurs de sens.

Ce rôle moteur redonné à ces lieux n’est pas sans rappeler celui tenu par les monastères et abbayes au Moyen-Âge. Ceux-ci incarnaient, à l’époque médiévale, des « cœurs battants » de la société et pour leurs territoires des « pôles de stabilité et des organisations économiques innovantes », tel que nous le décrit André Larané, journaliste et historien.

Dans un contexte de raréfaction des ressources publiques et d’évolution du marché touristique, ni le secteur public, ni le secteur privé, ne peuvent plus soutenir seuls des renaissances de grands lieux patrimoniaux centrées sur des activités essentiellement culturelles ou d’hôtellerie de luxe. Ne pouvant plus aujourd’hui s’appuyer sur les modèles traditionnels de sauvegarde et de valorisation du patrimoine, les grands patrimoines en renaissance innovent sur des missions et usages diversifiés, sources d’impacts socio-économiques, culturels, éducatifs ou encore environnementaux, qui leur permet d’expérimenter de nouveaux modèles économiques hybrides.

Comment ces lieux peuvent-ils s’inspirer de leur passé pour se réinventer avec des visions et des missions adaptées aux enjeux de leur territoire et de l’époque actuelle ?

Sur quels nouveaux modèles économiques et de gouvernance s’appuient-ils ?

Comment créer de meilleures synergies entre monde économique, acteurs sociaux et grands patrimoines ?

Poussés à se réinventer, à innover pour renaître, peuvent-ils redonner du pouvoir d’action et d’inspiration aux territoires ruraux ? Peuvent-ils devenir des « phares » au cœur de ces territoires, en dialogue plus équilibré avec les métropoles, et contribuer ainsi à réduire les fractures territoriales ?

La journée des Rencontres Annuelles croise temps de plénières et tables rondes, témoignages et discussions

entre penseurs et faiseurs, au cœur des espaces du monastère.