Paysagiste de formation (diplômé de l’Institut National d’Horticulture à Angers), formation complétée d’un master suivi à l’Institut Supérieur du Commerce de Paris, Thibault LE MARIE est un entrepreneur. Le décès prématuré de son père lui fait prendre conscience, très jeune, qu’il allait devoir reprendre le château familial. Mais avant, il décide de découvrir le monde et part travailler à Munich puis à Tokyo et Shanghai. Son expérience en Allemagne lui permet, grâce à son employeur, précurseur dans la requalification de friches industrielles, de réaliser le potentiel de grands bâtiments délaissés, en leur affectant de nouvelles activités. Revenu dans sa région natale, il reprend le château familial déterminé à construire un modèle économique lui permettant de le restaurer et de l’entretenir.

Comment avez-vous fait pour bâtir ce modèle économique ?

Je suis parti d’une activité embryonnaire et l’ai développée. Il s’agit d’une offre de séjours linguistiques lancée par mes parents (ma mère avait été responsable de l’enseignement en anglais pour AIRBUS). Depuis mon arrivée, j’ai multiplié par quinze le chiffre d’affaires et nous employons aujourd’hui 12 salariés. Non seulement, nous avons su créer de la valeur pour rémunérer une équipe de personnes compétentes mais cette activité nous a permis de sauver le château. Celui-ci n’est plus une charge mais un outil économique au service d’un projet. Il a une utilité ! Sans utilité, les grands bâtiments et donc les châteaux sont voués à disparaître.

Maintenant que votre château est sauvé, avez-vous d’autres projets ?

Oui… dupliquer cette expérience !

Les propriétaires de châteaux ont entre 60 ans et 80 ans. Beaucoup de biens vont changer de mains. Ces nouveaux propriétaires, pour une partie d’entre eux, vont devoir chercher des ressources pour entretenir leurs châteaux. J’ai donc décidé de leur proposer mon concours pour les aider à développer une activité leur permettant d’entretenir leur patrimoine. Ainsi, j’ai pu déployer au château de Varambon (Ain) une offre de formations linguistiques que j’exerce moyennant une rétribution pour la mise disposition du château (du lundi au vendredi). J’ai pour projet de multiplier cette expérience pour permettre à d’autres propriétaires de financer la réfection et l’entretien de leur propriété. Je suis d’ailleurs à la recherche d’un site sur la métropole lilloise. D’autres usages, générateurs de valeurs, sont tout à fait envisageables. Par exemple, proposer des stages de prises de parole en public dans des « châteaux de l’éloquence ».

Concernant notre château, j’ai pour projet de réhabiliter une ancienne blanchisserie en y logeant un tiers lieu autour du savoir-faire textile ainsi qu’un organisme de formation pour accompagner des transitions de carrière. Ce sera également un lieu pour expérimenter de nouvelles manières de travailler en lien avec l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris et France Travail.

Pour conclure, je dirais qu’il faut arrêter de « muséifier » nos châteaux mais les faire vivre !