Arnaud Bachelin est né et a grandi à Avallon, aux portes du Morvan, dans une famille ancrée dans la terre et le paysage local. Son grand père était attaché à la conservation du musée de l’Avallonnais. Il a passé toute son enfance et son adolescence glanant plantes et fruits sauvages aux quatre coins de la Bourgogne. Puis il a quitté sa région pour faire ses études à Cambridge où il a décroché deux doctorats en archéologie préhistorique et botanique. Passionné par les plantes, il rejoint des grandes maisons de thé en tant qu’acheteur. Puis, après un passage en tant que consultant, il décide de créer, fin 2016, son salon de thé à Paris (6ème) : Thé-Ritoires. Quasiment à la même période, à la recherche d’une résidence secondaire, il retrouve ses racines, en achetant, sur un coup de cœur, une partie de l’abbaye de St Martin du Bourg, située à la périphérie de la ville d’Avallon.

Quelle est l’histoire de l’abbaye de St Martin du Bourg ?

Ce monument a été construit sur un sanctuaire celte puis romain (en l’honneur d’Apollon, nom qui a donné en gaulois… Avallon). Ce temple a été détruit par St Martin qui a érigé à la place une chapelle en 376. A la demande de la reine Brunehaut, celle-ci devient, au VIème siècle, une église dédiée au soldat Martinus, devenu St Martin. Avec l’afflux de pèlerins allant à St Jacques de Compostelle, l’église s’agrandit avec un cloître pour devenir une abbaye bénédictine, rattachée à celle d’Autun, accueillant jusqu’à 40 moines. Malheureusement, à partir du 18ème siècle, les bâtiments ne sont plus entretenus par les quelques moines restants. A la Révolution française, ce lieu est désacralisé. Il servira successivement de grenier à foin, d’entrepôt d’armes, de réserve à grains, de remise d’outils pour les services municipaux… En 1870, les bâtiments sont vendus en 3 lots. Une partie de l’abbaye est démolie, les pierres récupérées servant à la construction de nouvelles habitations. En 1989, le site a été classé monument historique.

Dans quel état était l’abbaye ?  

Disons-le tout net, j’ai racheté, avec mes économies, du mécénat et un emprunt pour les travaux, une ruine ! Il n’y avait plus de fenêtre, pas d’eau, pas d’électricité, plusieurs planchers étaient pourris, des fissures dans les voûtes, le toit du clocher, en tôles ondulées, laissait passer les gouttes… D’un tempérament pugnace, je ne me suis pas découragé  et je me suis lancé dans les travaux avec l’aide d’un architecte et d’un tailleur de pierre. 580KE ont été à ce jour engagés. Cette restauration partielle (il reste encore, selon Arnaud, 500KE de travaux), a été saluée en 2019 avec l’obtention du prix du jeune repreneur de Monument Historique, prix qui m’a permis de gagner en visibilité et d’obtenir, après 3 années de galère, l’appui de la DRAC.

Et maintenant, que voulez-vous faire de ce lieu ?

Plutôt indépendant de nature  et entrepreneur , je suis convaincu qu’il me faut trouver un véritable modèle économique si je veux  m’agrandir pour pouvoir mener  à bien mon projet et ne pas être tributaire de subventions .Inspiré par le  modèle des moines qui cultivaient des plantes médicinales ,du chanvre (pour le cordage)  et exploitaient des forêts, je souhaite le  reprendre en l’actualisant et développer  une marque qui ait  du sens avec ce lieu. J’ai donc racheté une ferme à 30 kms d’Avallon  , il y a quelques semaines, pour y planter du thé  et autres plantes  afin de développer un courant d’affaires par  la vente de thé, de tisanes et de baumes . Ces produits seront proposés  à l’abbaye mais aussi auprès de restaurateurs locaux et sur internet. Les travaux achevés, un musée ou cabinet de curiosités sera implanté au rez-de-chaussée avec des expositions sur l’histoire locale. Ce lieu accueillera également des évènements en partenariat avec les écoles, collectivités, le musée du Costume … Une programmation culturelle sera proposée avec des hébergements pour les artistes (et aussi pour les touristes). Bien entendu, ce projet s’inscrira en synergie avec mon salon de thé qui m’a permis de fédérer une communauté de 5000 membres. J’ai l’ambition d’arriver à un équilibre économique dans les 5 ans à venir. Ça me semble réaliste étant donné le marché immobilier (les prix sont encore bas) et l’augmentation de la fréquentation touristique.