en
résumé

Cette histoire commence il y a près de 700 ans quand le comte de Boulogne fonde un monastère au pied des remparts de Montreuil-sur-Mer. Le destin monastique qui avait fait de ce bâtiment l’Imprimerie Générale de l’Ordre des Chartreux prend fin au début du XXe siècle.

Les moines laissent la place à un phalanstère culturel.

En 1914, c’est le plus grand hôpital civil belge d’Europe qui s’installe dans les murs.

La dernière grande mutation voit les lieux accueillir l’hospice-asile du Centre Hospitalier de l’Arrondissement Montreuil-sur-Mer (CHAM), de 1950 à 1998. Au début des années 2000, les sœurs de Bethléem redonnent temporairement une vocation religieuse à la Chartreuse de Neuville.

Depuis 2008, c’est un nouveau destin qui se construit autour d’un modèle entrepreneurial inédit de renaissance patrimoniale, porté par un partenariat privé-public-associatif.

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1324 1901

Les chartreux

Fondée en 1324 par le comte Robert III de Boulogne, plusieurs fois dévastée, elle fut obstinément reconstruite jusqu’à la Révolution. La Chartreuse de Neuville est alors saisie et sa communauté chassée des lieux. En 1870, les Chartreux reprennent possession du site et en confient la reconstruction à l’architecte Clovis Normand, originaire d’Hesdin et émule de Viollet-Le-Duc.

La reconstruction
par Clovis Normand

S’appuyant sur la structure initiale du site, Clovis Normand redessine l’ensemble du monastère en l’amplifiant et en l’éclairant, tout en conservant l’architecture fonctionnelle unique des monastères chartreux qui permet une progression vers le silence et la coexistence de deux vocations complémentaires :

  • celle des Pères au sein des 24 ermitages répartis autour du grand cloître, vie érémétique de prière, d’étude et de contemplation ;
  • celle des Frères au sein de la cour d’honneur, vie cénobitique ou communautaire active, assurant le fonctionnement pratique du monastère ;

toutes deux reliées par les espaces de vie communautaire et liturgique : l’église, les chapelles, la salle du chapitre, le réfectoire…

L’imprimerie
générale de
l’ordre

Trait singulier de cette communauté, il s’y développe peu à peu une activité d’imprimerie d’excellence, jusqu’à devenir l’imprimerie générale de l’Ordre. Dans toutes les chartreuses d’Europe, on trouve des livres et recueils de chants, magnifiques, imprimés à Neuville !

En 1901, les Chartreux sont à nouveau contraints de quitter la Chartreuse Notre Dame des Prés. Par vagues successives, emportant livres et mobilier, ils traversent la Manche pour aller s’installer dans la vaste Chartreuse de Parkminster, près de Brighton dans le Sussex, construite par le même architecte, Clovis Normand.

1907 1913

Sanatorium...

En 1907, Georges Clémenceau inaugure à la Chartreuse de Neuville avec Victor Morel, député maire d’Hesdin, un sanatorium qui accueillera jusqu’à la veille de la Grande Guerre de nombreux malades en convalescence arrivant principalement des régions minières.

et phalanstère
d’artistes

Aux côtés de ces malades, une association d’artistes, présidée par Georges Clémenceau et Anatole France, est créée avec pour vision l’œuvre de Roger Marx, auteur de L’Art social, un ouvrage engagé dont le principal propos est que l’art doit être partagé par et pour tous. Des artistes renommés forgeront l’aura de ce phalanstère : Guillaume Apollinaire, Paul Fort, Adolphe Gumery, Georges Isambard, Henri le Sidaner, Gustave Charpentier, Ludmila Savitzky… Lors des évènements culturels organisés sur place (conférences, revues théâtrales, concerts, récitations de poèmes, expositions), l’occasion est donnée aux artistes de se mêler aux ouvriers, artisans, professeurs, résidant avec eux à la Chartreuse, ainsi qu’aux habitants de Neuville et des environs, ce qui encourage leur créativité.

1915 1919

Refuge pour des civils belges

Confiée au gouvernement belge, la Chartreuse de Neuville accueille les familles de la région d’Ypres inondée par les alliés pour stopper l’avancée des Allemands. Elle devient ainsi le plus grand centre de réfugiés civils belges d’Europe, hébergeant aussi une « colonie scolaire » pour les orphelins.

Une Chartreuse est idéale pour accueillir une communauté diverse car elle propose plusieurs types d’espaces : techniques, communautaires, de vie en groupe et d’isolement. S’ajoute le principe d’autosubsistance du monastère. C’est une véritable petite communauté qui traverse ainsi le conflit mondial, à l’abri de ses hauts murs. Près de 5.000 réfugiés belges passeront par la Chartreuse de Neuville. 599 y décéderont d’une épidémie de typhus.

1947 1997

L’asile-
hospice

La Chartreuse de Neuville, propriété des hôpitaux de Montreuil puis du Centre Hospitalier de l’Arrondissement de Montreuil (CHAM), devient un hospice-asile pour personnes en situation d’handicap mental et/ou moteur, personnes âgées sans ressources, orphelins et sortants de prison. Tous ont en commun de ne pas être « adaptés » et/ou de ne pas avoir de place au sein de la société.

Une organisation
atypique

Pour pallier le manque de personnel devant l’afflux des résidents (jusqu’à 600), une organisation atypique se met en place : les résidents, selon leurs capacités et contre rémunération symbolique, participent au fonctionnement de l’institution (cuisine, blanchisserie, ménage, jardins, assistance aux résidents alités…).Certains soignants et leur famille vivant sur place, ce système permet à chacun de devenir colocataire et collègue de travail : il n’y a plus, d’un côté, des personnes dépendantes et, de l’autre des soignants, mais une communauté interdépendante où chacun trouve place et reconnaissance.

Cependant, dès les années 80, le bâtiment et son fonctionnement ne répondant plus aux normes, les résidents le quittent progressivement pour être répartis dans des structures spécialisées, le bâtiment se vide et n’est plus entretenu.

1997 à nos jours

Renaissance de
la Chartreuse
de Neuville

Depuis 2008, l’association et ses partenaires privés et publics ont entrepris une réhabilitation hors du commun de ce lieu à l’histoire plurielle, aujourd’hui tourné vers l’avenir.

« Le présent du passé c’est la mémoire, le présent du présent c’est l’action et le présent du futur c’est l’imagination ».
Saint-Augustin

Labellisée Centre Culturel de Rencontre au service de l’innovation sociétale et artistique par le ministère de la Culture, et Fabrique de territoire par le ministère de la cohésion des territoires, la Chartreuse de Neuville renoue ainsi avec le rôle de rayonnement et de moteur territorial des abbayes et monastères au moyen-âge.